CLASSICS 180° – la tournure de ce concert
Jordi Savall et son Concert des Nations sont toujours à même de proposer des projets spectaculaires, dans le respect constant des pratiques de l’interprétation historiquement informée. Avec la complicité du Ballet National Slovène de Maribor, ils présentent cette fois-ci en première mondiale leur vision du « Don Juan » de Gluck, le premier ballet de l'histoire à raconter une intrigue complexe par le biais de la danse. La première moitié du concert sera consacrée à la suite orchestrale « Les Boréades » de Rameau, avec ses airs et danses d'une grande diversité.
SA, 26*04*25
GENÈVE, À 19 H 30
DI, 27*04*25
ZURICH, À 18 H
LU, 28*04*25
BERNE, À 20 H
Le nom de l’ensemble est emprunté à une œuvre de Couperin et son premier projet était dédié à Charpentier. Depuis sa création en 1989 par Jordi Savall et Montserrat Figueiras, l’orchestre Le Concert des Nations met ses instruments anciens au service d’un large répertoire qui s’étend du baroque au romantisme. Constitué d’une majorité de musiciens issus des pays latins de part et d’autre de l’Atlantique, Le Concert des Nations affiche une volonté de faire connaître et revitaliser un répertoire de qualité à travers des interprétations respectant l’esprit original de chaque œuvre. Initialement dédié aux œuvres instrumentales, le répertoire s’est rapidement élargi aux œuvres lyriques. L’orchestre est acclamé sur les grandes scènes du monde entier et se distingue aussi avec des enregistrements de référence.
Tour à tour concertiste, pédagogue, chercheur ou créateur de nouveaux projets musicaux et culturels, Jordi Savall s’impose comme un acteur essentiel de la revalorisation de la musique ancienne. Le musicien catalan s’est d’abord formé comme violoncelliste avant d’étudier la viole de gambe, notamment à la Schola Cantorum Basiliensis. Avec cet instrument, il a fait redécouvrir des musiques du monde méditerranéen et d’ailleurs tombées dans l’oubli. Outre Le Concert des Nations, il a aussi fondé les formations Hespèrion XX et La Capella Reial de Catalunya. Grâce à son intense activité de concertiste, son abondante discographie et la création de son propre label Alia Vox, ainsi que sa participation au film Tous les matins du monde, Jordi Savall a prouvé que la musique ancienne n’a rien d’élitiste.
Le Théâtre national slovène de Maribor, la plus importante institution culturelle de Slovénie, réunit sous un même toit l’art dramatique, l’opéra, la danse et la musique symphonique. Cette scène accueille aussi le festival annuel du théâtre slovène, ainsi qu’un concours de chant. La tradition théâtrale à Maribor remonte à la fin du XVIIIe siècle, avec la création du premier théâtre permanent en 1785. La langue allemande a d’abord eu ses droits dans cette ville de Basse-Styrie, avant que le slovène ne s’impose avec la création d’un théâtre professionnel slovène en 1919. La troupe de ballet, placée sous la direction artistique du chorégraphe Edward Clug, produit chaque saison deux nouvelles productions chorégraphiques. Le répertoire de l’ensemble couvre la danse classique, néoclassique et contemporaine.
Né en Roumanie, Edward Clug s’est formé à l’École nationale de ballet de Cluj-Napoca, d’où il est sorti diplômé en 1991. Cette même année, il a été engagé au Théâtre national slovène de Maribor, avec lequel il est toujours lié. Il s’est très vite découvert une vocation de chorégraphe et a été nommé directeur du ballet en 2003. Sa production Romeo & Juliet, sur une musique du groupe de rock anglais Radiohead, lui a apporté une reconnaissance à large échelle. Edward Clug a depuis lors établi une étroite collaboration avec plusieurs troupes de la scène internationale, dont le Ballet de Stuttgart et le Ballet de Zurich. Il a aussi travaillé avec le Nederlands Dans Theater, le Ballet du Théâtre Bolchoï à Moscou et le Ballet du Théâtre de Bâle, avec lequel il a présenté en 2023 sa version de Coppélia.
À la toute fin de sa vie, Rameau a reçu de l’Opéra de Paris commande d’une tragédie lyrique destinée à célébrer la fin de la Guerre de Sept Ans. Cet ouvrage mis en répétition au printemps 1763 n’a toutefois jamais connu sa création. Était-ce à cause de l’esprit trop subversif du livret ? Les Boréades ont donc dormi deux siècles durant à la Bibliothèque Nationale, avant d’être exhumées lors du bicentenaire de la mort de Rameau pour un enregistrement radiophonique. La résurrection scénique n’a suivi qu’en 1982. Il était temps de découvrir cette partition pleine d’originalité et d’une virtuosité jubilatoire.
Don Juan a fait son entrée en scène en 1630, dans une pièce du dramaturge espagnol Tirso de Molina. Ce personnage de fiction vivant des plaisirs de la vie a dès lors inspiré d’innombrables œuvres théâtres, musicales et cinématographiques.
Gluck a précédé Molière Mozart avec un ballet-pantomime créé le 17 octobre 1761 sur la scène viennoise du Theater am Kärntnertor, dans une chorégraphie de Gasparo Angiolini. Cette œuvre quelque peu expérimentale raconte l’action par le biais du seul mouvement au fil d’une suite de danses en relation avec le drame qui se termine par la descente aux enfers de Don Juan.